Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 11 novembre 2021

TRAVERS

   La conclusion de McWhorter, sous l’espèce d’une typologie des paroles résistantes aux woke mobs et aux paniques morales déclenchées sur les médiaux sociaux est intéressante à opposer à l’esprit de conformisme qui se répand dans le discours public et l’engourdit au plan idéologique. Il n’en reste pas moins vrai que le raisonnement analogique sur la « KenDiAngelonian religion » (p. 175) répond à un double travers méthodologique. D’un côté, il s’agit plus de religiosité que de religion, et le lien avec les doctrines et les corps dogmatiques issus de la gauche ou de la droite comme religions séculaires n’est d'ailleurs pas même établi.  De l’autre, et c’est peut-être le plus surprenant de la part d’un linguiste, c’est l’absence d’interrogation philologique, en particulier pour ce qui relie à titre notionnel « woke » et « awakening ». Enfin, pour ce qui a trait au militantisme antiraciste, le nœud tient peut-être davantage à la perception en surface, qui s’attache à la rhétorique des gourous : Kendi, DiAngelo, Ta-Nehisi Coates. Sans voir que cette rhétorique, en phase avec le capitalisme diversitaire et les programmes de justice sociale des universités qui carburent à la philosophie néolibérale, s’inscrit elle-même dans une épistémè pluri-décennale autour de la « race » et des « races » qu’il convient à son tour de « dismantle » pour reprendre à son propre vocabulaire. La « Third Wave Antiracism » n’en rend pas vraiment compte.