Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 14 août 2021

UN CONCEPT PAUVRE POUR LES RICHES

     Si l’on compare, l’essai non moins lumineux et pionnier de Campbell et Manning (The Rise of Victimhood Culture) a néanmoins un caractère plus ouvertement spéculatif que celui de Haidt et Lukianoff (The Coddling of the American Mind), ne serait-ce qu’à travers la typologie ternaire des morales sociales, la culture de l’honneur, la culture de la dignité et la culture victimaire actuelle dont les campus nord-américains sont depuis dix ans les laboratoires. Mais l’approche permet d’éclairer, notamment dans le rôle de la plainte, l’appel à l’attention publique et surtout la place du tiers (État, cours de justice, administrations, etc.) L’élément le plus important à souligner tient à l’expansion du terme de microagression, issu non de milieux pauvres ou minoritaires, mais des espaces favorisés comme les « colleges » et les universités, qu’on y soit blanc ou « racisé ». Observation convergente avec l’essor de l’idéologie woke elle-même promue par les milieux d’abord blancs, progressistes, urbains, diplômés : « The concept of microaggression did not first proliferate among Eastern Kentucky or among the impoverished African Americans of Baltimore or New Orleans. It first proliferated among college and university students, a relatively affluent, educated, and respectable population. And the microaggression program seems to have developed most quickly at elite institutions, such as private liberal arts colleges and Ivy League universities. A minority student at Oberlin College or Harvard University may indeed be from a lower-status background than the average Oberlin or Harvard student, but compared to the US population as a whole, or even students at other colleges and universities, students at educational institutions are not particularly lowly. » (p. 53)