Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 22 août 2021

EFFET DE CLASSE

     Oberlin, Brown, Claremont, etc., tous ces « colleges » et universités, à l’Ouest ou en Nouvelle-Angleterre, et spécialement dans l’aire de l’Ivy League, il y a une corrélation « between elite status and victimhood culture » (Campbell & Manning, p. 152). Les deux sociologues rappellent à ce sujet que les revenus moyens par famille du corps étudiant de Claremont McKenna est de $200 000, celui de Middle College, $240 000, etc. Sans doute la configuration n’est-elle pas exactement analogue, ne serait-ce qu’à travers la dynamique des colleges et le modèle du privé en particulier. On est même très loin de cela. Mais il y a quelques traits communs. Certes, comparativement, les dernières éléments de Statistique Canada pour le Québec donnent pour les Cégeps et les universités mêlés 50 % (2018-2019) de fréquentation pour la tranche d’âge 18-24 ans, et la structure dominante est évidemment celle des établissements publics. Au reste, sur les populations allant de 25 à 64 ans, les personnes qui détiennent un titre universitaire approchent 25,5 %. Ce qui est moins que d’autres provinces, Ontario, BC, etc. Des taux de fréquentation aux taux de diplomation, il s’agit dans tous les cas cependant d’une portion de la population. Il reste ensuite le phénomène de sélection. Or bien quon ne rencontre pas bien entendu les écarts états-uniens, et la situation est relativement protégée en zone francophone, le phénomène idéologique s’observe cependant aussi en microcosme, avec la coupure propre aux effets campus, et l’illusio sociale qui en découle. Dans sa version canadienne, le diagnostic de Campbell et Manning se vérifierait sur plusieurs points, spécialement du côté anglophone : la « victimhood culture » est plus répandue parmi les membres de la « upper middle-class » (p. 153). Loin de se limiter au militantisme associatif, la wokeness est largement entretenue par l’élite anglophone (et l’un des lieux où cette élite se reproduit au Canada est entre autres McGill). L’hypothèse est que là aussi on assisterait à un « spread of victimhood culture » : « since the graduates of elite universities disproportionately occupy influential positions in law, government, business, and media, we should not be surprised to see the ideas and ideals of victimhood culture gaining increasing influence in modern society. » (p. 253-254).