Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 20 août 2020

ACCROUPISSEMENTS

De nuit, le corps grelottant, dans le silence alentour, à sentir sa propre merde, chaude, humide et liquide, couler lentement le long de ses jambes, jusqu’aux mollets, dans l’incapacité de pouvoir retrouver le contrôle sur soi-même. Trop tard : cette odeur insurmontable comme vomitoire... Deux doigts sur lanus, à tenter de retenir en vain labject puant et pourrissant, comme on le ferait en guise de bouchon, à laide de sa main, dune bouteille renversée, ou encore du siphon dun évier. Alors que tout s’évide, que tout se vide La maladie si humiliante s’est ainsi tapie derrière chacun des viscères, elle se dissimule, près de resurgir à chaque instant, ironique par conséquent. Elle attend, signale narquoisement son existence par quelques giclées inattendues de sang, elle rappelle qu’elle n’est plus uniquement l’hôte, selon la vieille stratégie du parasite, mais qu’elle est devenue le maître. Elle déjoue les réflexes de la culture, les acquis de l’éducation. On est loin des accroupissements et autres pissotières rimbaldiennes. Un écoulement de la matière qui est un écroulement de soi. Puisque désormais tout lâche.