Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 8 novembre 2017

SYNTAGMATION


Au terme d’une lecture rétrospective, allant des manuscrits sur le « discours poétique » (Baudelaire) aux Problèmes, et non seulement l’inverse, en toute conscience des phénomènes de contemporanéité et d’interférence entre les chantiers et certains articles spécialement, ce qui se dégage est, en plus de la corrélation principielle entre la théorie de la phrase et la question de l’unité (Problèmes, t. II, p. 220-222 – qui explique cette redondance par insistance : « le signe est l’unité sémiotique » ; « la notion de signe en tant qu’unité », p. 219), l’émergence ou la résurgence de termes centraux qui commencent explicitement de travailler l’analytique du continu dans le Baudelaire : « certaines unités du discours y sont conjointes pour traduire une certaine idée intéressant un certain présent d’un certain locuteur » (p. 226). Voir le « tout est la jonction » ; et en sus de ce qui « assemble » les signes ou de la « contrainte des lois de leurs assemblages » (p. 227), ou encore de « l’agencement des mots » – catégories descriptives qui demeurent étonnamment approximatives, délibérément peu techniques : a) elles servent à mesurer dans Baudelaire l’assemblage nécessairement différentiel à une théorie de l’ensemble ; b) elles n’inaugurent pas une nouvelle théorie de la syntaxe comme on devrait logiquement s’y attendre ; – donc en sus de l’idée d’assemblage, l’association entre le champ de la phrase et le « syntagmatique » (p. 233-234) et le champ du signe versé au paradigmatique, selon les deux linguistiques distinctes dont « Sémiologie de la langue » acte également la naissance. Cette découpe est moins tributaire de la binarité structuraliste qu’elle n’opère en faveur d’une articulation entre le sens, incluant l’intenté, et « la syntagmation étroite » (p. 228) des mots – les chargeant à la différence de la phrase d’un emploi et de valeurs hic et nunc, nécessairement variables. Entre jonction et syntagmation, ce processus est ce qui désigne ce qui ne peut avoir lieu qu’une seule fois, et amorce la question de la spécificité artistique du langage.