Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 21 novembre 2023

« PERPLEXITÉ »

   C’est très exactement cette attitude interrogative sinon pensive que revendique Denys Arcand, il me semble, lorsqu’il parle de « perplexité » à propos de son long métrage : « Ce n’est pas une accusation contre mon époque. C’est plutôt de la perplexité. Par exemple, il y a ces gens qui arrivent et disent représenter les Premières Nations et décrètent : “Ce tableau est une insulte aux Premières Nations” », explique le cinéaste lors d’une conférence de presse tenue après la projection du film en compagnie de son équipe. (François Lévesque, « Testament”, ou Denys Arcand à l’âge de la perplexité » (Le Devoir, 26 septembre 2023). De fait, le film retrace l’histoire d’un vieil archiviste, Jean-Michel Bouchard, qui habite une maison pour aînés dont l’un des murs abrite une fresque représentant la rencontre de Jacques Cartier et ses soldats armés avec des Autochtones à moitié nus. De jeunes militants qualifient la peinture d’offensante et raciste et occupent pour cette raison les lieux. Face aux manifestations, la directrice de l’établissement, Suzanne, subit la pression des médias et du gouvernement. Elle décide de faire recouvrir la fresque en faisant appel à une petite entreprise de peinture industrielle, ce qui lui vaut d’être limogée par ses supérieurs et des contre-manifestations au nom de la défense du patrimoine québécois. En ligne de mire : le révisionnisme culturel et historique.