Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 26 novembre 2023

"GRAMSCISME DE DROITE"

   L’élément qui me retient le plus est évidemment l’appel à Gramsci, lu de seconde main, et la question de la contre-hégémonie à la domination intellectuelle de la gauche dans le discours social, aller à la conquête du vrai pouvoir, c’est-à-dire contrôler non les institutions et les leviers décisionnels mais l’imaginaire collectif. La guerre culturelle, mais rien sur guerre de mouvement/guerre de position ; rien sur le bloc culturel et la relation intellectuels/« simples », et j’en passe, etc. Mais de même que Beauregard parle de nationalisme « décomplexé » (p. 258) avec la Coalition avenir Québec, et on est dans la ligne directe des années Sarkozy en France : la droite décomplexée faisait son apparition en 2001 et n’a eu de cesse d’être reprise comme slogan chez les conservateurs comme quintessence de la « pensée anti-68 » (Serge Audier). De même, le « gramscisme de droite », détournement idéologique, remonte certes à Alain de Benoist et la revue Éléments. Mais elle est très largement filtrée par le tandem Buisson – Sarkozy et la campagne présidentielle française de 2007. Pour rappel, dans Le Figaro du 18 avril 2007 : « Au fond, j’ai fait mienne l’analyse de Gramsci : le pouvoir se gagne par les idées. C'est la première fois qu'un homme de droite assume cette bataille-là. (…) En 2002, quinze jours après mon arrivée au ministère de l'Intérieur, une certaine presse a commencé à m’attaquer sur le thème : « Sarkozy fait la guerre aux pauvres. » Je me suis dit : soit je cède et je ne pourrai plus rien faire, soit j’engage la bataille idéologique, en démontrant que la sécurité est avant tout au service des plus pauvres. Depuis 2002, j'ai donc engagé un combat pour la maîtrise du débat d’idées. Tous les soirs, je parle de l'école, en dénonçant l'héritage de 1968. Je dénonce le relativisme intellectuel, culturel, moral... Et la violence de la gauche à mon endroit vient du fait qu'elle a compris de quoi il s'agissait. » (Et cette phrase résume tellement ce qu'est devenue depuis la France à maints égards – à mes yeux du moins). Quoi qu'il en soit, cela valide la triangulaire néoconservatrice – dans laquelle Bock-Côté joue un rôle de premier plan  entre le Québec, la France et les États-Unis.