Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 22 janvier 2023

PURETÉ

 Pureté de la gauche. Ce prurit idéologique, que j’observe chez des amis, rencontres, orateurs ou collègues. La peur presque panique du compromis, qui se mesure de plus en plus aux compromissions bien réelles de cette gauche du côté d’une version néolibérale du progrès. Faute d’avoir changé le réel, et le quotidien des citoyens. Être à la gauche de la gauche : un phénomène encore aggravé par l’échelle victimaire de l’idéologie woke. Combien cette attitude me rend ironique ou me laisse indifférent. L’impression intime que de ce côté-ci je suis sevré sinon lucide, que c’est d’une autre époque ; il y a dix ou quinze ans j’aurais été probablement dans la même attitude. Vanité. Cette mythologie de la pureté constitue à gauche la pire entrave au travail critique. Pour être lucide, le prix est peut-être d’avoir les mains sales.