Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 22 janvier 2023

ÉTRANGETÉ

   Mélancolie aussi. Si je regarde rétrospectivement mes « choix », ils n’ont jamais été du côté de la majorité et du nombre – du discours dominant. À croire que je le fais exprès. C’est physique. De ce point de vue, j’aurais vraiment raté ce qu’on appelle la « carrière ». Il y a des gens qui ont le sens du placement, de ce qu’il faut investir, et à quel moment, et savent calculer en retour le rendement, qui capitalisent. Rien de tel. I don’t fit. I don’t belong here. C’est plutôt le sentiment d’étrangeté que j’éprouve à chaque fois. L’étrangeté comme condition de la dissidence.