Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 18 janvier 2023

DU CLÉRICAL

     À propos de la fabrique de la pensée, et des novlangues contemporaines, cette observation critique de Wajdi Mouawad sur laquelle je tombe en relisant l’un de ses entretiens (Architecture d’un marcheur, Léméac, 2005, p. 21) : « Les chroniqueurs ont aujourd’hui remplacé les curés. Tout comme il existait une régularité dans la messe, de telle sorte que, au moment attendu par tous, le curé faisait son homélie pour dire aux gens quoi et comment penser, il existe aujourd’hui des chroniqueurs qui, dans tel journal le jeudi et dans tel autre le mardi et dans tel autre encore le vendredi, écrivent leur chronique – vite car ils sont aguerris à cette tâche – pour nous dire de quoi nous devons rire et nous moquer. Le Journal de Montréal, Le Devoir, La Presse, Voir, Ici, ont remplacé la messe. Le Québec est encore embourbé dans le clérical. »