Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 1 décembre 2021

PASSER OUTRE

     Derrida, L’Université sans condition (Galilée, 2001). Dès la page liminaire, dans l’énonciation philosophique des termes, le problème fait obstacle, résiste : « Cette université exige et devrait se voir reconnaître en principe, outre ce qu’on appelle la liberté académique, une liberté inconditionnelle de questionnement et de proposition, voire, plus encore, le droit de dire publiquement tout ce qu’exigent une recherche, un savoir et une pensée de la vérité. » (p. 11-12). Au détour de la phrase : outre ce qu’on appelle la liberté académique – et l’on se demande bien à quel consensus définitionnel Derrida songe exactement. Mais le propos signale et évacue d’un même geste la « liberté académique », qui devrait pourtant être logiquement la condition de l’inconditionnalité que le texte défend. Plus encore, le droit de dire publiquement – qui ressortit à la liberté d’expression – et la recherche, le savoir, la pensée de la vérité, qu’est-ce donc sinon la liberté académique ? ou partie de cette liberté conçue sous l’angle de la recherche, notamment ? Quoi qu’il en soit, une réflexion sur l’université se doit de situer et comprendre ce concept-là, mais il est remarquable que Derrida s’abstient de le déconstruire, en le laissant à la marge. Voir l’étude très incisive d’Olivier Beaud à ce sujet, « La liberté académique en France : un silence instructif », Commentaire, n°175, automne 2021, p. 631-641.