Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 16 décembre 2021

LE LABORATOIRE DES DÉMOCRATIES

    Ce n’est pas tant la proposition – forte et proportionnée au diagnostic – d’une loi que les enjeux attachés à cette proposition qu’il importe peut-être de commenter dans l’immédiat. Il s’agit de définir entre autres la mission de l’université, la liberté académique et les bénéficiaires de cette liberté. Cela se doublerait de l’obligation pour les établissements de se doter d’un comité portant sur la mise en œuvre de la liberté académique et le règlement des litiges, mais en contrepartie dans le respect de l’autonomie institutionnelle, puisque chaque université déciderait elle-même des formes et de la composition de ce comité. C’est aller plus loin que l’énoncé-cadre auquel a d’abord songé le Premier Ministre du Québec en février 2021. Il reste que la proposition est justifiée par un diagnostic global de la situation, notamment du fait de l’extension des phénomènes de censure (et d’autocensure) dans le milieu universitaire. Une loi servirait donc de norme nationale, elle remettrait à niveau les établissements de la province, et limiterait les inégalités de traitement d’une institution à l’autre. Elle s’inscrirait plus largement dans une vision historique, en comblant une carence datant de la Révolution tranquille. Elle renforcerait enfin l’autonomie des universités au lieu de la fragiliser. Pourtant, le nœud véritable est encore ailleurs, dans ce fait primordial que « le Québec aurait ainsi l’occasion de devenir l’un des endroits au monde où la libre circulation des idées dans le milieu universitaire serait la plus valorisée et la mieux protégée. » (p. 61) Ceci pour rappeler, comme pour maintes autres sociétés, que l’université, lieu du savoir et de l’enseignement, est le premier laboratoire de nos démocraties – là où elles s’inventent et s’expérimentent.