Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 11 mars 2019

LE DONNÉ ET L'INVENTÉ

Saisie dans la relation topique de la peinture et du silence, se trouve par avance récusée l’objection logocentrique : « le langage est quelque chose qui se faufile partout. Il n’y a pas un moment où l’on peut dire : les mots s’arrêtent ici et l’on est donc délivré de la “pesanteur” du langage » (ibid., p. 163) ; de l’autre, corrélat obligé, ce silence dont la peinture assume le « rôle de producteur » (id.), générant des paroles « que des écrivains, plus tard, pourront écrire » s’il est vrai en outre – enseignement cette fois de la musique – que le silence n’est jamais « un donné, mais une invention » (p. 164).