Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 28 octobre 2022

XÉNISME

     Philologie, donc. Le premier point à faire valoir est que la controverse qui l’entoure est inséparable du mot lui-même. la collocation cancel culture relève d’un cas typique de xénisme, c’est-à-dire de l’emprunt lexical d’un terme étranger dans sa forme originelle, comme si le signe était ici non seulement extérieur aux usages de la langue mais également aux usages de la société. Les traductions qui se sont répandues dans le monde francophone, littérales comme « culture de l’annulation », moins neutres ou plus orientées à l’image de « culture du bannissement » ou de « culture de l’effacement », ne sont pas parvenues à supplanter tout à fait cancel culture et coexistent avec elle, même si elles tendent à la concurrencer. Ce premier constat indique en tous cas que le processus d’assimilation de l’item est à ce stade incomplet.