Allocution passionnante de Stéphanie Roza, à l’occasion de la parution de son dernier livre, Lumières de la gauche, Éditions de la Sorbonne, 2022, dans une librairie du Plateau. L’autre versant de La Gauche contre les Lumières ?, plus historique cette fois. Échanges collectifs sur l’actualité, le délitement intellectuel du camp du progrès. La distance requise aussi par rapport au couple Horkheimer-Adorno et une tradition de pensée à laquelle j’ai été longtemps nourri. Retour sur les ambiguïtés de Foucault, notamment certains liens aux pensées contre-révolutionnaires, la proximité avec le camp des Nouveaux Philosophes, le pessimisme qui porte l’analyse des quadrillages, micro-pouvoirs, techniques de disciplinarisation. Il me semble qu’à l’époque Michel de Certeau est celui qui traque le plus lucidement cette faille : il admet la prémisse foucaldienne selon laquelle il y a des quadrillages, des pouvoirs, des assujettissements mais le contrepoids c’est le champ des tactiques, des procédures, l’ouvrier et la perruque : la politique des réémplois – la prise de parole – disjoindre les normes et valeurs des « langages » (économie, médias, savoirs, État, etc.). Il n’y pas de messianisme révolutionnaire à l’horizon, ce modèle déjoue et la dialectique marxiste et le nietzschéisme foucaldien ; quoique : la question sud-américaine prégnante chez Michel de Certeau. Dans tous les cas comment créer un monde commun autre, un monde commun sans être « un » mais multiple (les cultures minoritaires, les oubliés de l’histoire, des mystiques aux Indiens d’Amérique, etc.) Probablement la pensée, prise à la jonction du langage, de la culture, du politique, qui m’a le plus marqué ces vingt dernières années.