Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 28 février 2021

MYTHE CULTUREL

      À mesure que le débat est devenu politique au Québec, on a vu sortir des idéologues médiatiques, l’occasion était trop belle de stigmatiser le politiquement correct et de diaboliser les activistes wokes. Comme si les problèmes dans les universités s’y limitaient. Comme si le wokisme à l’inverse n’intervenait pas dans d’autres champs, par exemple le journalisme qui, sous pression, est en train de réviser ses normes. Sans hasard : l’information et le savoir, la liberté d’expression et la liberté académique. Or si on peut en rejeter les méthodes autoritaires et les violences dogmatiques, on est en retour dans l’obligation d’entendre les revendications portées par les Social Justice Warriors. Entendre ne signifie pas y répondre à chaque coup – mais pour ce qui nous concerne le monde académique est capable de faire ce travail collectif. Depuis le passage à l’enseignement supérieur de masse dans les années soixante, l’université évolue, elle en prend, elle en laisse. Mais pas au point d’en perdre la raison comme pour ceux qui, béats, voient sur un mode messianique dans cette nouvelle vague un Mai 68. Comique. Dérisoire même, je ne sais. Il est toujours moins coûteux d’importer un mythe culturel que de procéder avec toute la distance critique requise (c’est-à-dire de faire sa job élémentaire de savant) à l’analyse d’un phénomène social et de ses ressorts complexes, visibles et invisibles. Et pour rappel, 68 en France présente une typologie idéologique particulièrement composite, des libéraux-libertaires dont certains ont fini chefs d’entreprise aux dissidents anticommunistes sans parler des maos, etc. On se méfiera donc de ce qu’Albert Camus dénonçait comme la « violence confortable », tous ceux dont « les paroles vont plus loin que les actes ». Au nom de la révolution ou de la justice sociale, ceux-là contribuent surtout au maintien de l’ordre.