Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 28 février 2021

FOUCAULT, IL A BON DOS

     Ce qui fait retour dans ce débat c’est le poids intellectuel de Michel Foucault. Ou plus exactement – premier correctif – ce qu’on en comprend sur la base d’un héritage normé à la manière nord-américaine (French Theory) – deuxième correctif – dont les termes si loin du texte lui-même me sidèrent. Foucault a bon dos : il sert surtout de nom à une sorte de vulgate, d’instrument idéologique au premier rang desquels se place la collusion dénoncée entre savoir et pouvoir. Et il ne suffit pas d’en répéter le principe, ou encore de le postuler, il convient à terme de démontrer l’existence de ce dit pouvoir. C’est l’usage de cet argumentaire qui devient doublement problématique lorsque les savoirs portant, dissimulant, exerçant pouvoir ne sont plus que des représentations, des jeux ou des effets de représentation. Le débat n’est plus alors celui des injustices épistémiques – la place réduite, absente, refoulée des savoirs non-occidentaux – un espace de diversité que le monde universitaire peut librement mettre en discussion, il en a le potentiel auto-critique. On entre au contraire dans un terrain glissant et très dangereux : l’hypothèque idéologique de la vérité et de la connaissance dont les déclarations activistes récentes (la raison, la pensée sont blanches, etc.) – racialisant plutôt que démystifiant le savoir – constituent une variante. Des étudiants en séminaire sur la culture – on ne saurait mieux faire – m’interrogent à ce sujet. On ne peut qu’opposer que s’il en était ainsi le savoir médical lui-même ne serait plus qu’un jeu de représentations et ce qui en découlerait par exemple pour le coronavirus, en puisant mes exemples dans l’actualité, n’a pas même besoin d’être mentionné. La contre-preuve – absolument empirique – est que de cette prétendue représentation on est malade et que selon les bilans mondiaux dont on dispose plus d’un million de personnes en sont mortes… Mais on peut appliquer le même raisonnement en histoire, par exemple dans la perspective de la Shoah. Etc. De l’inconséquence didéologues qui se prennent pour des intellectuels.