Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 3 janvier 2019

LUCIOLES

Dans ce centon où se démultiplient les locuteurs, planches d’Audubon, coupures de presse, pamphlets publicitaires, extraits de Thomas Jefferson ou Benjamin Franklin, jusqu’au « visage illuminé » (p. 118) de Rita Hayworth, Marilyn Monroe, Jerry Lewis, etc. : une énonciation continuellement éclatée et décentrée ; encore moins l’occasion de donner viabilité ou consistance à quelque « je » ; même si biographème en marge, écliptique comme les insectes évoqués : « Les lucioles qui montaient des prés à Bryn Mawr la nuit. » (p. 133). Le Bryn Mawr College, Pennsylvania, ou débuts universitaires de lécrivain en 1960.