Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 4 janvier 2019

FREEDOMLAND

Parmi les « morceaux » de l’hypertexte américain – à la condition d’accepter bien entendu cette proposition de l’auteur, les prospectus de Freedomland– humour distance de Butor. Cette autre carte grandeur nature de l’Amérique, le parc d’attractions instauré dans le quartier du Bronx par Cornelius Vanderbilt Wood entre 1960 et 1964, qui avait travaillé sur le projet Disneyland. L’aménagement et le divertissement, de courte durée en l’occurrence puisqu’ils s’achèvent en banqueroute, « pour répandre le message de l’américanisme » (p. 201). Reproductions de Cap Canaveral, de « mannequins d’Indiens cachés dans les buissons » qui « tirent des coups de feu inoffensifs et lancent des flèches téléguidées » (p. 202) : « Assistez à l’incendie de Chicago ! » ou encore « au tremblement de terre de San Francisco » (p. 204), le « vieux petit New York » (p. 254) – plus proche en ce sens de la version Baudrillard – l’Amérique comme simulation ou simulacre : 65 000 000 de dollars pour revivre le « grand héritage américain » (p. 198) – représentation de représentation ou l’Histoire selon la société du spectacle.