Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 21 septembre 2018

QUATRE PETITS POINTS

Sous la main, la « very short introduction » à la « Literary Theory » (1997-2011, Oxford University Press) de J. Culler, gageure ou tour de force, avec cette rareté pédagogique en forme de clarté : 1. « Theory is interdisciplinary–discourse with effects outside an original discipline ». La proposition consonne évidemment avec le sens anglo-américain ; et l’inter- peut au moins s’entendre comme exigence disposée à la croisée et à l’interaction des savoirs contre les replis observés et répétés. La perspective peut être ensuite soutenue et amendée en ce que la théorie est d’abord regard sur les disciplines. Comment ça se produit et se régule, selon quelle histoire, quels protocoles, etc. À commencer par la performativité des Studies – performativité prise pour une historicité des savoirs, dont il existe des chaînes par ailleurs très faibles ou caricaturales – Animal StudiesPorn Studies, déclinaison ouverte par définition, qui pose en retour le problème de l’inventivité disciplinaire et de la longévité épistémologique de certains champs (et corrélativement la durabilité institutionnelle de ce genre de discours). 2. « Theory is analytical and speculative », qui en dépit de sa spécificité géoculturelle laisse encore résonner le fond aristotélicien de theoria ; 3. « Theory is a critique of common sense, of concepts taken as natural ». Certes par le geste qui tend à situer, débusquer, historiciser les catégories spontanées du savoir, ouvrir des champs de questions ; mais le vis-à-vis théorie – sens commun, sans ambiguïté chez Culler, peut être l’occasion de dualités simplistes (et je pense en particulier au Démon de la théorie d’Antoine Compagnon, ce qu’il sert idéologiquement). 4. « Theory is reflexive, thinking about thinking, enquiry into the categories we use in making sense of things, in literature and in other discursive practices. ». Interrogation sur elle-même – indéfiniment – ; s’y place le rapport primordial épistémologie et critique.