Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 31 mai 2018

LA PHRASE AUX MARGES

La relation entre le continu et la « phrase-chant » de Mallarmé, celui des Poésies, plus que du Coup de dés, est d’autant plus notable que Benveniste dissocie au nom du discours le signe du mot dont il cherche la théorie (Baudelaire, p. 596), et reconnaît le « poème ». Mais l’élément qui démarque l’essai de poétique est le retrait de la phrase, qui est pourtant à la base de sa critique du signe dans Problèmes de linguistique générale, définie au rang d’unité du discours, au point qu’elle devient l’instrument d’une nouvelle épistémologie linguistique à fonder. Comme si tout était à redémontrer ou à refaire devant les vers des Fleurs du Mal