Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 31 mai 2018

LE MOT CONTRE LE SIGNE

La notion est suspecte, tenue aux marges par la majorité des linguistes, et pourtant Benveniste non seulement la réserve mais la remotive. Déjà dans Problèmes : impossible de l’exclure du métalangage, il a une nécessité par rapport à signe, et opère sur la base sémiotique / sémantique. Le mot et la phrase appartiennent au même monde. Mais le terme n’est pas dépourvu d’ambiguïté. Dans Problèmes, il s’apparente au nom de son acception sémantique à l'unité lexicale et entre dans le couple lexème vs morphème. Il a encore ce statut dans Baudelaire : les listes de vocabulaire. Et Benveniste me semble plus résolument lexicaliste que syntaxier.