Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 31 mai 2018

ÉCUEIL NOMINALISTE

L’instabilité conceptuelle : langage poétiquelangue poétique – et la visée de spécificité n’exclut pas par endroits que la réflexion formelle se risque à l’essentialité ou l'essentialisation. Mais Benveniste reconnaît par ailleurs l’aporie de l’entreprise, ce qui la condamne peut-être pour partie : « chaque poète a sa langue poétique » (p. 454). Écueil nominaliste. La langue qui est l’objet est prise dans l’énonciation, ce que sous-entendent « exercice » et « réalisation » lorsque Benveniste « situe le problème » au niveau « non du signe mais du discours ou mieux du poème en tant que réalisation d’un certain exercice de la langue poétique » (p. 540).