Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 27 février 2017

FILM

Lagarce/Dolan de nouveau. L’inutilité des séquences cinégraphiques à valeur rétrospective, je trouve : l’enfance et la figure du père ; l’aventure homoérotique ; le café et l'aéroport, qui pouvaient rester dans la matière-récit, reconstituées au fil des dialogues et des échanges. La matière-souvenir : le matelas, l’odeur du savon. Force des détails. En vis-à-vis de cette temporalité feuilletée, la montre et l’horloge-coucou obsédants. La scansion des scènes par le repas – le dessert – climax de violence.
L’équivoque ou malentendu tragique : « Je dois partir ».
L’astuce toujours des plans et des fenêtres : qui regarde, qui est regardé ? De dos, de face, de biais, etc. Et la question est capitale : comment on se regarde. Cette maison à trappes, à sous-sol, à couloirs. Cuisine, cour, chambres, jardin, démarquant d’autant mieux les scènes d’extérieur, le plus souvent en mouvement (le nocturne en avion, la voiture et la dispute des deux frères, etc.). Les rideaux et les reflets. Les lumières et la chromatique à dominante bleutée. Et puis la porte finale – sortie solitaire en contrepoint de l’entrée à dévisagements embarrassés, à étreintes difficiles – contrejours et gros plan sur l’oiseau-métaphore.