Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 13 février 2017

LA PHRASE CONTINUÉE (III)


Elle pose quatre ordres de problèmes fondamentaux : (i) celui, classique, et connu des linguistes, des niveaux et des frontières – limites inférieures ou supérieures. Wilmet et sa Grammaire critique résument ce point : « « Dans le continuum qu’est la langue et sur le plan horizontal, où commence et où finit la phrase ? » (§ 555). La phrase continuée implique aussi un changement d’échelle ; (ii) celui, dynamique, infini, du continu et du discontinu. Et il faut débrouiller continuité ; continué ; continu. Du danger de penser substantivement « continué » (ce que fait Herschberg-Pierrot dans Le Style en mouvement). Mais je pense à Péguy, d’une clairvoyance extraordinaire à ce sujet : « On emporte ainsi à la maison le problème du continu et du discontinu. On l’emporte, mais on ne le résout pas. » (Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne) ; (iii) celui, éthique, de l’identité d’une voix et d’un sujet – insaisissable sans le mouvement continu-discontinu. Avec sa part de reconnaissable et de méconnaissable : entre les deux il y a la spécificité à connaître ; (iv) celui, temporel, du potentiel d’altérité dont est dotée ou non telle ou telle œuvre : cette identité n’est pas donnée une fois pour toutes, ni une seule fois. C’est le régime des répétitions ou des recommencements. Selon.