Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 19 février 2022

LE CHARNIER DU TEMPS

    Dans le grand charnier du temps, celui où l’on entasse les cadavres, un cinéaste, un acteur silencieux et intime, tel critique, un poète, et non des moindres – Michel Deguy – disparaissent surtout ces noms qui ont dessiné un paysage intellectuel, qui l’ont modelé pendant plusieurs décennies, qu’on les admire ou les déteste, qu’on en soit proche ou lointain. Des repères ou des phares. Le sentiment mélancolique du désert, en retour, celui de devoir lutter, dans un corps-au-corps quotidien et épuisant, avec les impostures stériles ou clownesques du contemporain.