Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 23 novembre 2018

L'OUBLI DE SOI

Culler, encore : qu’au terme du parcours il est lucidement conclu que « theory [i]s endless », et qu’importe davantage « the prospect of further thought » (p. 133), contre celles ou ceux qui souhaiteraient en particulier « the death of theory » (p. 132), de sorte qu’ils n’aient plus à y faire face. Ce qui fait davantage souci, c’est peut-être d’écrire de la sorte une histoire de la théorie ou un « account » qui, s’il met assurément en tension des perspectives et des approches (pour certaines inconciliables sinon guère cumulables) et laisse émerger les questions, ne s’envisage guère cependant comme histoire critique de la théorie, travaillant à mettre en oubli son propre point de vue. Oubli souvent dicté par le genre (académique, commercial) du bréviaire.