Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 18 novembre 2018

FORCE DE L'EXIL

Le narrateur et l’historien. Tacite, maintenant. Du satiriste aux Annales : le vis-à-vis entre les « despotes » et les « penseurs » tel qu’il entraîne l’apparente digression sur la qualité de la parole, « enchaînée » et pour cette raison devenue « terrible » en retour : « L’écrivain double et triple son style quand le silence est imposé par un maître au peuple » (Les Misérables, p. 914). Comment la contrainte et l’exercice de la violence soustraient la prose à l’ampleur, et l’obligent à acquérir en densité, dans un corps-à-corps, ou lutte physique, logique du combat : « Moins d’envergure dans la phrase, plus d’intensité dans le coup. » (id.) Aux libertés perdues répondent « des accroissements de force » (id.)