Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 23 novembre 2018

FIL

Scène comique de métro, ce matin. Invisible à la plupart des endormis qui jonchent les bancs, se tassent sur les sièges, s’agrippent aux barres de la voiture cahotant dans l’odeur et le bruit. Le fil de l’un – certainement les écouteurs d’un Ipod version X ou Z vendue à grands cris dans tous les kiosques du supernumérique – se prend dans la fermeture du sac en cuir de l’autre, qui tournait le dos. Aïe. Les voilà pris, qui n’avaient rien en commun, ni rien à se dire. Gestes et signes : comment se dégager l’un de l’autre avant la prochaine correspondance ? Chacun y va de ses gestes et de ses stratégies, brutales ou délicates, alternativement, jusqu’à ce que le fil casse… J’ai compté : cinq bonnes stations, dix minutes embarrassées.