Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 17 avril 2018

TATOUAGES ET AUTRES STIGMATES

À la « dramaturgie corporelle » que résume De Certeau au début du deuxième volume de La fable mystique (Gallimard, 2013, p. 27) est associée avant tout « une phénoménologie, dispersée, mais intarissable, de “singularités” physiologiques (plaies, incisions, pertes de sang, enflures, lévitations, distorsions physiques) ou sensorielles (touchers internes, dégoûts, hallucinations olfactives, auditives ou visuelles) »  – ces « tatouages » qui deviennent à l’occasion stigmates sont peut-être qualifiés de « signatures corporelles » (p. 26) mais ont pourtant peu à voir avec quelque corps de l’écriture, sur lequel se clôt par contre le volume précédent.