Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 17 avril 2018

L'INFINI ET LA LANGUE (DE LA MYSTIQUE)

À parcourir de nouveau La fable mystique (t. I, Gallimard, coll. « Tel », 1982), ouvrage ouvert il y a presque trop longtemps, c’est à l’évidence la cohérence de l’ensemble qui se détache, en plus d’être cet objet d’histoire privilégié – disons même : central – pour l’œuvre. Mais aussi ce qu’il en explicite. Certes, la mystique y est fondée comme problématique du langage, en tant qu’elle se réclame d’être elle-même « science » problématique aux XVIeet XVIIsiècles. Ces deux aspects sont en vérité inséparables. Il y a bien articulation de la « connaissance mystique » sur « du langage » (p. 158) en tant que cette connaissance est en devenir – ce qu’il y a à connaître– parce qu’elle noue « l’infini et la langue », confronte de surcroît le discours à « l’affirmation théologale que la parole ne saurait manquer » (p. 158), mais ce qui est défini au titre de la « condition même de la connaissance » (p. 221) est aussitôt posé comme « nouvel “art de parler” » (p. 158).