Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 17 mai 2022

LE REGARD SANS EXPERTISE

     Cette attitude de contre-savoir est bien illustrée dans l’article mentionné plus bas par une écrivaine et professeure de littérature, Martine Delvaux, qui réagit positivement à cette polémique de 2020. Elle déclare d’abord qu’elle « rêve d’un monde où le genre ne sera plus important » et justifie ainsi la démarche : « Il est formidable que ce travail soit fait par des experts du domaine du droit, que la langue épicène soit cooptée par le juridique et qu’il y ait des vases communicants. » On se demande bien ce que signifie ici le fait que la langue épicène soit cooptée par le juridique. Car en l’occurrence l’expertise des juristes se solde par une non-expertise linguistique. S’il y a avantage évidemment à (faire) entendre des questions que le linguiste de profession ne se pose pas, cette attitude comporte néanmoins des risques, même dans l’optique de l’usager en écriture inclusive. Elle entretient notamment l’illusion qu’il est possible de se dispenser d’un point de vue informé et spécifique sur l’objet langue, réglé sur un corps de principes et de concepts en partage et en débat dans la discipline concernée.