Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 16 juillet 2020

PLUS RIEN

J’ai perdu mon corps ce matin. Bien entendu, son reflet persiste encore dans le miroir de la salle de bains. Mais il me passe à travers désormais, vague, lointain, dans une sorte d’irresemblance, d’étrangeté, d’abord à mon visage et à ses traits – à son identité habituelle. AF me rappelle les pages de La Douleur, plus d’une analogie avec les survivants. Et à se vider depuis des semaines, la peau n’indique plus en effet que les os – la dernière masse irréductible après que les graisses et les muscles ont brûlé. Plus rien.