Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 13 juillet 2020

AUTOUR

Autour de moi : les menus objets ; James Baldwin ; Erik Satie miniaturisé sur écouteurs et écran tactile ; les pillules et les solutions qui gouttent obstinément, et rescandent le temps au-dessus de ma tête ; mon voisin de chambrée qui, ayant lâché toute pudeur (sa dignité de malade ne l’a pas quitté, elle est ailleurs), erre dans les couloirs testicules à l’air, et invective en pendjabi les infirmières, incapables de lui répondre autrement qu’avec leur propre sabir, mélange d’espagnol et d’anglais ; la cancéreuse au bout du couloir hurle « Help ! Help ! » en cognant une tasse de thé sur sa tablette ambulatoire. Puis tout s’apaise enfin.