Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 15 juillet 2020

DÉPENDANCE

Si j’en crois le calendrier reporté par l’infirmière sur le tableau de feutre ce matin, mi-juillet déjà, voilà plus d’un mois que la douleur ne m’a pas quitté. On apprend peut-être à vivre avec ce qui est insurmontable, ce dont l’intensité et la violence étaient jusque-là inimaginables. Dans la prison de chair qui est devenue la mienne, ce n’est pourtant ni cette usure ni cette répétition qui abîment le plus mais la dépendance désormais organique de la pensée. Comme si l’état intérieur, et ce qui s’ensuit, lire, écrire, noter une idée, fixer son attention, de menues et ordinaires choses, déterminait par les sensations variablement supportables (la moindre contraction physiologique) les petits gestes de la vie, décidait de tout.