Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 15 juillet 2020

INTERPRÈTE

Agité, sans cesse il décroche le combiné du téléphone : « Allô, allô, allô… » De jour ou de nuit, le même rite. Quand il se rend compte qu’il n’y a pas d’autre voix que la sienne, il se replie de nouveau sur sa couche, tirant sur son visage les couvertures de l’hôpital, comme lové sous les néons que jamais il ne débranche. Il attend. Ou il fouille pour la centième fois ses vêtements dans un vieux sac élimé de faux cuir, tout ce qu’il a apporté avec lui. D’où vient-il ? Il attend. Les dialogues avec les infirmières sont à la fois cocasses et tragiques. Personne ne s’y retrouve, chacun repart à sa solitude. Lui plein de colère de n’être pas compris. Hier de désespoir le service a contacté un interprète. Car la maladie, elle aussi, exige d’être traduite.