Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 14 juillet 2020

BIBLIOTHÈQUE

Je repense ce matin à mon impossibilité de terminer depuis des mois Les Bienveillantes de Jonathan Littell, qui occupait le débat public il y a une dizaine d’années, en plongeant son lectorat « au cœur de l’équarissoir » (Gallimard, 2006, p. 14). Non à cause de mon contretemps – une des tendances idiosyncrasiques, que je cultive au fil des ans, et qui m’est souvent utile. Mais la lecture ainsi mise en échec m’est assez rare pour qu’elle interroge. Son inachèvement, péniblement autour des 400 p. et de la fin de la campagne de Russie pour le « héros ». Je ne crois pas que j’aurai ni le courage ni l’envie de poursuivre. Il est vrai que les microdétails d’une écriture très technique de l’Histoire, par les hiérarchies politico-militaires, les aspects érudits et documentés – et proprement ce sont les conversations sur les cultures, les comparatismes linguistiques et philologiques qui m’ont davantage arrêté – l’extrême complaisance descriptive en usage pour les massacres, toute une esthétisation du mal à laquelle se superpose caricaturalement dans l’ordre de la pulsion et des violences celle de l’homosexualité par exemple me tiennent en terre étrangère.