Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 15 juillet 2020

COULEUR

« [] Cette famille sicilienne n’était pas encore parvenue à un stade lui permettant de comprendre parfaitement à quel point la couleur de la peau importait en Amérique, et cet établissement était donc le seul de la ville où les nègres venaient parfois manger et boire, ou plutôt c’était le seul endroit de la ville où les nègres et les Blancs mangeaient quelque fois ensemble. Seuls les membres les plus jeunes de la famille, et, parmi eux, surtout les femmes, commençaient à soupçonner ce que leur attitude risquait d’entraîner pour leur condition et pour l’avenir matériel de leurs enfants… » (Baldwin, L’Homme qui meurt, trad. J. Autret, Gallimard,1970-2019) p. 187-188)