Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 13 juillet 2020

DANS MON FOR INTÉRIEUR

Des mois d’absence, comme retiré dans mon for intérieur, silencieux, et me voici tout à coup jeté par l’obstination ironique et déséspérée du père à vouloir mourir à cet instant précis, me forçant presque à articuler, à sortir de moi-même, jeté au milieu de la mascarade universelle de la maladie et de la mort ; partout, dans les trains, au marché, sur les trottoirs, chez le coiffeur, tous devenus étrangers les uns aux autres, s’entretenant de la peur des autres et de nous-mêmes. Sur l’autoroute on lit même : « évitez tout contact ». Et si les corps s’éloignent, nous parlons tous sous couverts, inaudibles les uns aux autres.