Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 12 juillet 2020

FENÊTRE

Décidément, cette année aura été sous les signes croisés de la mort et de la maladie. Ma fenêtre d’hôpital a perdu sa grandeur mallarméenne. Biffée par du tape orange et gris, elle dégouline de l’humidité persistante qui enserre la ville. Entre deux opioïdes, les avions qui balancent puis s’inclinent au terme de leur course transatlantique vers l’aéroport. Le reste que découpe la vue de ce septième étage laisse échapper des défilés de maisons plates et d’allées vertes, tristes malgré la lumière d’été et sans relief.