Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 25 novembre 2016

LES GROS CONCEPTS

     Étiologie de l’événement : « It was the Democrats' embrace of neoliberalism that won it for Trump » (The Guardian, 09.11.2016)*.  Au tournant politique américain, Naomi Klein répond en accusant l’évolution de la gauche, ses compromissions et ses complicités avec les élites financières et industrielles : « a hyper-connected network of banking and tech billionaires, elected leaders who are awfully cosy with those interests » ; les stratégies de dérégulation économique conjuguées aux lignes d’austérité budgétaire ; le sentiment de dépossession, en particulier de l’électorat blanc, et du déclin de leur niveau de vie ; la perception d’insécurité et d’inégalité. Ce qu’on savait déjà. À cet état des lieux s’ajoutent quelques parallèles, mal contrôlés : les raisons complexes du Trumpisme et du Brexit ; la montée en puissance des extrêmes-droites en Europe. Soit. Le plus intéressant est encore l’agenda suggéré autour d’un « green new deal », d’une « tidal wave of well-paying unionised jobs », la question ethnique des communautés et la responsabilité des indigènes, agenda pris dans le sillage de l’activisme des mouvements Occupy et un modèle alternatif possible inspiré des expériences canadiennes (The Leap Manifesto, https://leapmanifesto.org/en/the-leap-manifesto, Greenpeace Canada ou Black Lives Matter Toronto). On peut s’accorder sur la nécessité et l’urgence de l’utopie. À part cela, la rhétorique classique de l’idéologie progressiste. Elle a ses antiennes, elle aussi. Et ses « gros concepts » comme disait Deleuze, bruts et grossiers, mal taillés pour l’analyse du réel et de l’histoire en cours :  « neoliberalism » ;  « nostalgic nationalism » (et sa contrepartie implicite à travers la multipolarité du mondial) ; « neo-fascist responses », etc. À part cela, rien sur l’administration Obama et ses huit années de pouvoir, ses failles et ses effets sur la nouvelle cartographie politique américaine. Rien sur les divisions et les désorganisations actuelles des gauches à l’échelle mondiale. « So let’s get out of shock as fast as we can and build the kind of radical movement that has a genuine answer to the hate and fear represented by the Trumps of this world. Let’s set aside whatever is keeping us apart and start right now. » Right. Les modalités ? How are you gonna do this ?