Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 27 novembre 2016

AVANT CÉSURE


43. Il m’en reste 7 avant césure. La politique me pue décidément. D’ailleurs deux ratons-laveurs se disputent une maigre ressource au milieu du jardin, qui ressemble à un puzzle aux pièces mal assemblées, depuis que les premières neiges ont disparu. Au milieu des vapeurs de tabac, je sors épuisé d’un chapitre sur Saint-John Perse, cette poésie de l’âge colonial, et sa grandeur de manière. Cette figure de l’écrivain s’est tellement éloignée. Impensable à force d’être étrangère. Des heures dépensées, en tous cas, à serrer plusieurs phrases en une, manipuler des adverbes, inverser des sujets, par crainte de perdre en densité. Une obligation à soi-même dérisoire. Et puis le corps qui s’alourdit. Ô graisses ! (justement). Vivre cloîtré à converser indiscontinûment avec des squelettes. Quelle peine. En compensation : le plaisir que me procure l’ethnographie du voisinage. Pour le reste, s’éviter. Ne pas trop coïncider. Il paraît que les poèmes, les drames ou les romans servent à cela.