Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 21 juin 2023

THÉOLOGIE ET LINGUISTIQUE

   Dans le chantier de l’écriture inclusive, l’hypothèse pointée des origines religieuses non des pratiques elles-mêmes mais de l’expression inclusive language ou inclusive writing. L’idée est promue par les milieux protestants nord-américains au cours des années soixante-dix, alors traversés comme partout ailleurs par les revendications féministes. En 1979, sous la pression, le Conseil œcuménique des Églises des États-Unis publie un Inclusive Language Lectionary, recueil de textes liturgiques qui sont récrits pour mieux y associer les femmes dans les cérémonies (source : Fabien Trécourt, « Comment la théologie chrétienne a lancé l’écriture inclusive », Le Monde des religions, 21.02.2021). La démarche renoue probablement avec l’histoire de la philologie réformée depuis Luther, sa tradition d’exégèses et de traductions. Mais l’explication la plus plausible est sociale, et tient à l’accès progressif des femmes à la fonction pastorale. Non seulement il convient de s’adresser à égalité à ses « sœurs » et à ses « frères » mais, comme l’écrit l’Église unie du Canada, sur laquelle j’avais déjà travaillé, « l’histoire de la chrétienté est un récit de changement et de libération » : elle est plus encore tournée vers la défense des « droits des opprimés et des exclus » et doit, en conséquence, opter « pour un langage qui inclut, qui rend visible l’invisible. » (Le mot rend justice. Guide pour l’utilisation du langage inclusif, 1999, p. 8.) Ainsi, l’écriture est soumise à un double processus, puisqu’elle met en rapport la langue et l’appartenance : l’idée du commun se révèle d’abord inséparable de celle de communauté, sous sa forme la plus spiritualisée, la communauté religieuse dont le rôle a été déterminant dans le devenir des sociétés d’Amérique du Nord ; l’idée du commun suppose ensuite l’extension de la communauté des croyants à la communauté des humains, orientée cette fois vers l’universalité.