Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 22 juin 2023

L'ENTRE-DEUX

   Assez souvent, je pense à ces auteurs, nés dans le dernier tiers ou quart du siècle qui précède. Chateaubriand (1768). Proust (1871). Des noms qui résument l’inconfort de vivre entre deux temps, d’en ressentir les crises et les déchirements. Mémoires d’outre-tombe abondent plus particulièrement en ce genre dexemples. Des œuvres en prise avec un siècle qui se défait et l’autre qui s’invente – un sens en cours, brisé et relancé, dont il n’est pas facile d’être le sujet – d’être simplement le contemporain, de le vivre sans en être uniquement le témoin passif.