Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 22 juin 2023

LA CHOSE LITTÉRAIRE

   Je suis récemment retombé sur cette expression (Henri Meschonnic). Sa banalité apparente, puisqu’elle active un mot on ne peut plus commun de la langue française. En vérité, la chose littéraire est le contraire de l’évidence conceptuelle. Elle désigne ce qui n’a pas encore de nom et demeure en l’état dans l’indéfini. La chose littéraire est ce qu’il y a à penser – ce qui est en devenir, et l’absolu contraire de la littérature puisqu’elle peut advenir dans le texte philosophique ou un document de droit, prend des formes diverses et imprévisibles. Elle n’est pas réservée à un corpus type ou caractéristique. La chose littéraire, c’est aussi ce qui résiste comme objet de connaissance, se dérobe sans cesse au regard qu’on porte sur elle. Elle est le je ne sais quoi qu’il y a à connaître. Le « ça » de Tristan Corbière.