Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 22 juin 2023

DOCTRINE GLOBALE

    Ce n’est pas uniquement le déficit épistémique qui caractérise les approches inclusives en matière de langue, et la légitimité que les institutions d’État donnent à ces lacunes est évidemment des plus inquiétantes. Jean Szlamowicz est probablement – à date – celui qui a le mieux perçu le problème, ne serait-ce que parce qu’il fait un travail de traque discursive – et malgré certaines saillies ouvertement polémiques. Dans l’idéologie inclusiviste, qui est une idéologie de la langue, il comprend bien qu’il s’agit d’une « doctrine globale » (Les moutons de la pensée, 2022, p. 70). C’est-à-dire qu’en s’adressant au langage, cette doctrine se rapporte du même geste à la sexualité, à la race, à la société, au politique. Elle suit un principe d’explication mécanique et presque unique, incapable d’envisager les discours et les sujets qui s’y instancient autrement que sous l’angle des inégalités, des dominations et des oppressions. Un des symptômes institutionnels parmi d’autres, c’est qu’on voit des publications de linguistes militant(e)s (qui font dans la linguistique dite expérimentale, c’est plus branché – comprendre : non plus descriptive – à bas Saussure !, ce vieux con) dans des revues de sociologies féministes ou d’études queer, moins dans le domaine des sciences du langage au sens étroit (pour des raisons manifestes de sanction des compétences…) Et c’est  également révélateur du regard porté par certains courants des sciences sociales. À l’inverse, le langage est révélateur par ses multiples résistances des impensés d’un tel modèle anthropologique.