Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 21 juin 2023

DU CÔTÉ PROTESTANT

   À ce stade, il est tentant de suivre la linguiste militante Julie Abbou lorsqu’elle déclare : « C’est dans les espaces de culture protestante […] que le rapport au langage sur ces questions de genre est le plus avancé. C’est le cas aux États-Unis, au Canada, et en Allemagne. Et ce qui est assez parlant, c’est de voir la situation en Suisse, avec ses trois régions linguistiques. En Suisse alémanique, on féminise très facilement, tandis qu’en Suisse romande et italienne, les résistances sont beaucoup plus fortes, ces deux langues étant liées à des cultures plus catholiques... » (Entretien avec Anne-Sylvie Sprenger, « L’écriture inclusive doit son nom à la théologie protestante », Réformés, 01.03.2021). En vérité, l’argument culturel risque de se heurter aux mêmes écueils que le comparatisme linguistique. Car du Canada à la Suisse on considère ici deux branches de l’ensemble indo-européen. Les langues germaniques (anglais, allemand) et les langues romanes (italien, français) ne répondent pas à des contraintes structurales similaires. La différence se situe surtout là.