Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 1 juillet 2021

DECONSTRUCT/DISRUPT

    En vertu du corps doctrinal dominant, le double geste de déconstruction et de disruption des concepts et des prémisses, ceux du modèle libéral de l’université et de la société. L’obstacle premier est toutefois cet emprunt derridien, car en soi la déconstruction plus encore que le déconstructionnisme (et l’on se souviendra – non sans un plaisir pervers ici – de ses origines heideggériennes…) est un mouvement herméneutique infini (voir à ce sujet les entretiens de Points de suspension). Le processus critique (en réalité idéologique et dogmatique) s’arrête à temps, c’est-à-dire avant de déconstruire effectivement les catégories de « racisation » et de « race », qu’au plan éthique et politique Derrida n’aurait pas admises. L’autre question est contenu non dans « deconstruct » mais plutôt « disrupt », qui fait partie du glossaire wokeIci, la nécessité de « bold actions » pour mettre en cause le status quo : « To this end, today’s universities need strong leadership that will disrupt organizational incrementalism and, in the process, facilitate change. » (p. 311). Le terme « disruption » serait emprunté au « technology sector » d’après les auteurs et, pour cette raison, serait l’instrument adéquat pour contrer ce qu’ils appellent encore le « democratic racism » (id.) inséparable du « today’s neoliberal context » que je dois comprendre comme variante du racisme systémique. Point à explorer.