Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 3 juillet 2021

DÉBROUILLE

      Nomadland (2020) de Chloe Zhao. Puissance des plans, des travellings, de la photographie. Les lieux vus : Nebraska, Nevada, South Dakota, California – pour une Amérique spoliée et démunie, celle du chômage, de la post-sub prime mortage crisis, des retraites volatiles et dérisoires, « la douleur du dollar » pour reprendre le titre de Valdès, celle de l’entre-aide enfin. Le déracinement et l’ivresse solitaire de la route ne sortent certes pas de la mythologie nationale, ils s’y inscrivent historiquement. Ni même du genre cinématographique : road-movie bien sûr. Dans ces images, des incroyables Badlands à la côte pacifique, la petite vie, les silences du personnage qui se doublent des regards comme des respirations, des gargouillis ou des soupirs (Frances McDormand), les objets quelconques, manufacturés, quon troque, toute une économie symbolique et matérielle des petites gens, à rebours du capitalisme et de ses violences : l’épopée de la débrouille. Politique, donc.