Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 24 juillet 2017

LE RÉCIT EN PAGES


Hébert encore. L’étonnante capacité à installer le lecteur – d’emblée ; Les Fous de Bassan cette fois-ci : « La barre étale de la mer, blanche, à perte de vue, sur le ciel gris, la masse noire des arbres, en ligne parallèle derrière nous » (p. 13) ; le sens des trouvailles, y compris dans le plus cru ou le plus violent : « Tu vois, dear Mic, que je n’ai pas traîné, je me suis tout de suite établi au pays, non sans peine d’ailleurs, ma cousine Maureen étant étroite comme un trou de souris, mais j’ai pris racine dans le ventre d’une femme et tout alentour la campagne de mon enfance bruissait comme la mer. » (p. 69) ; le système des voix bien entendu (livres, lettres) ; l’abréviation-tension constante vers le poème en prose ou quelque chose de ce genre – espèce/espace indéterminé(e) – rythmiques de récit et rythmiques de page nouées (p. 153, 157, 171), visualisation-accentuation de la ligne : « S’il vient quelque chose encore ce sera du côté de la mer » (p. 181).